Instants Nature morte
Philippine Schaefer est une artiste qui manie avec la même aisance la sculpture, la photographie, la performance, le tatouage… J’aime beaucoup son travail.
Elle m’a permis de plonger avec ma caméra dans son intimité créative et filmer le processus de création. Je plonge avec ma camera dans ces moments uniques et intenses. Puis j’ai réalisé une série de films courts, des « Instants nature morte ». Il représente pour moi la fragilité de l’être humain face à la nature. J’y vois la force et la fragilité de la vie. Une oeuvre qui ne nous laisse pas indifférent.
Un jour elle m’a demandé de l’aider lors d’une prise photo car elle allait avoir « les mains mouillées ». Je me suis retrouvée dans sa salle de bain, avec l’artiste immergée dans sa baignoire noire remplie d’algues… J’étais là juste pour déclencher son appareil photo mais j’ai tout de suite été prise par l’envie de la filmer. J’ai sorti mon vieil iphone de ma poche et j’ai commencé à la filmer.
J’avais envie de témoigner de ces moments de création auxquels j’avais la chance d’assister. J’ai réalisé alors mon premier Instant avec elle, Les Algues. Le premier de la série que j’ai appelée Nature Morte.
BIO Philippine Schäfer :
Née en 1970 en Allemagne Westphalie, vit et travaille aujourd’hui à Paris. Diplômée de l’ENSBA de Paris en 1997, section multimédia atelier Christian Boltanski. Elle a travaillé la sculpture, la performance et la photographie avec Georges Jeanclos, Marina Abramovic, Mona Hatoum et Graciela Iturbide. En 1998 elle découvre le tatouage qu’elle pratique depuis dans une démarche résolument singulière. De l’argile à la peau, du corps au dessin, c’est la photographie qui devient l’outil privilégié de ses explorations corporelles.
« Non point des auto-portraits mais des hétéro-portraits de fragrance cosmique, dans le chassé-croisé des règnes le corps rendu à son animalité visité par la structure végétale le minéral déporté vers la conscience de son être de silence. … »
Philippine Schäfer, De l’autre côté du temps par Véronique Bergen, 2012
Instants Souffle d’argile
Philippine Schaefer et l’argile
Philippine Schaefer travaille l’argile. Je la filme et puis je réalise 3 Instants sur des sujets qui me touchent particulièrement en tant que femme : la maternité, le cancer du sein et l’enracinement. Ici l’argile a le premier rôle. L’argile comme un rappel à la Terre Mère, à la Genèse, aux premières créations artistiques, à la matière guérisseuse depuis les temps anciens.
Je me glisse avec ma caméra au plus près du processus créatif de Philippine Schaefer avant l’obtention des clichés photographiques. L’argile et le corps qui dansent ici entre fascination et obsession, au rythme d’une liberté presque enfantine. Ma caméra est comme une prolongation de mon corps qui rentre dans le cadre pour montrer la symbiose. Car c’est grâce à cette proximité que nous sommes au plus proche de la création et des intentions de l’artiste.
Récits de peau_Skin stories
Philippine Schaefer et l’art du tatouage.
Des vrais costumes sur mesure, des aquarelles sur peau… Les tatouages de Philippine Schaefer s’adaptent aux corps comme les peintures rupestres s’adaptaient aux parois des grottes. Philippine Schaefer a sans aucun doute l’art dans la peau.
Déchirés_Ripped out
Le film Déchirés est un acte artistique réalisé suite à l’acte terroriste perpétré au Bataclan le 13 novembre
Ba-ta-clan Project
Le film Déchirés est un acte artistique réalisé suite à l’acte terroriste perpétré au Bataclan le 13 novembre 2015 à Paris.
Déchirés est un moment de recueillement. Déchirés est un moment de réflexion.
L’artiste Philippine Schaefer réalise une œuvre pour l’exposition BA-TA-CLAN Project, une initiative artistique née dès le lendemain des attentats.
Le besoin d’agir était alors, pour nous tous, comme l’instinct de survie.
Philippine Schaefer choisit de déchirer une affiche comme les corps ont été eux aussi déchirés.
Je filme l’artiste dans son geste en imaginant un corps se déchirer en une fraction de seconde.
Cette action a été aussi une façon d’évacuer notre peine, notre colère et notre impuissance face à la question que tout le monde se posait le jour après le massacre: Quoi faire ?
Nous étions tous déchirés.
Nous avons fait ce que nous savons faire.
L’art dénonce, l’art éduque, l’art révolte, l’art nous touche…l’art guéri
Sandra WIS
© Sandra WIS